Xylella fastidiosa Des mises à jour au sujet de la bactérie tueuse d’oliviers
Dans une série de rapport publiés fin avril 2020, l’Anses et l’Efsa apportent de nouvelles informations sur la bactérie phytophage Xylella fastidiosa.
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Dans un rapport du 28 avril 2020 publié à l’Efsa Journal*, 37 nouvelles espèces végétales ont été ajoutées à la liste des plantes hôtes de Xylella fastidiosa. Ces nouvelles plantes hôtes comprennent des plantes sauvages et des plantes horticoles, dont la vergerette (Erigeron sp.), le pistachier (Pistacia vera), le kaki (Diospyros kaki), et l’immortelle commune (Helichrysum stoechas). La base de données de l’Efsa a été mise à jour. La liste comprend désormais 595 espèces de plantes.
Le même mois, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié deux rapport d’expertise concernant la bactérie : «Stratégie de lutte vis-à-vis de Xylella fastidiosa» et «Période de latence de Xylella fastidiosa sur le genre Citrus».
Différence de stratégie à Antibes ou Menton
Concernant la stratégie de lutte, le rapport se penche sur les deux foyers les plus récents à Antibes et Menton. X. fastidiosa a été détectée sur deux oliviers en août 2019 dans ces communes des Alpes-Maritimes. Il s’agit des premiers cas confirmés sur cette plante hôte en France continentale. A Menton, c’est la sous-espèce pauca qui a été détectée, et multiplex à Antibes. Les deux arbres infectés ont été arrachés, ainsi que deux oliviers supplémentaires à proximité immédiate de l’olivier positif de Menton. Mais les autres oliviers présents dans les deux zones infectées ont été conservés du fait de l’importance patrimoniale de ces arbres : 13 à Menton et 55 à Antibes soit 68 arbres au total. Ils ont été recépés sévèrement et protégés sous des filets insect-proof. Mais cette solution n’est pas durable et les experts de l’Anses ont été mandatés pour proposer une stratégie de lutte.
La sous-espèce pauca cause des symptômes sévères associés à d’importantes pertes économiques chez l’olivier dans la région des Pouilles en Italie, tandis que pour la sous espèce multiplex, la propagation à l’intérieur de l’olivier infecté est supposée relativement lente ou sa multiplication très limitée et/ou hétérogène.
L’agence préconise donc dans son rapport un arrachage de tous les oliviers présents dans la zone infectée du jardin Carnolès de Menton et une surveillance renforcée de l’oliveraie la plus proche du jardin Carnolès. A contrario, elle préconise de ne pas arracher les oliviers de la zone infectée du foyer d’Antibes, et de remplacer leur isolement physique sous filet insect-proof par une surveillance accrue. Cette surveillance accrue devrait consister à réaliser deux inspections chaque année dans ce foyer : une inspection visuelle des oliviers avant début mai, ainsi qu’une inspection visuelle doublée d’une analyse officielle de chaque arbre patrimonial en septembre. Des piégeages d’insectes vecteurs de X. fastidiosa (en particulier P. spumarius) devraient également être réalisés lors de chacune de ces inspections visuelles.
Pas de dispositif alternatif à la protection matérielle permanente
Pour empêcher d’autres introductions de la bactérie Xylella fastidiosa ainsi que sa propagation dans l’Union européenne, des dispositions sont précisées dans la décision d’exécution 2015/789/UE. Notamment, les mouvements de végétaux spécifiés (liste des espèces spécifiées est précisée en annexe I de la décision d’exécution 2015/789/UE) sont interdits et les entreprises ont pour obligation de maintenir sous protection matérielle (en conditions « insect-proof » permanentes) le site de production du végétal spécifié pendant toute la durée de culture pose des difficultés de mise en œuvre. L’agence a été saisie par la DGAL (direction générale de l’alimentation) sur cette obligation, qui pose des difficultés de mise en œuvre.
Les experts mandatés devaient :
. examiner la pertinence d’un dispositif alternatif à la protection matérielle permanente prenant en compte une production sous serre dite de « quarantaine » durant la période de « quarantaine » ;
. déterminer l’échantillonnage à réaliser en serre de quarantaine puis en serre de production pour apporter un niveau de garantie sanitaire équivalent à celui prévu par les dispositions de l’article 9.2 de la décision européenne de 2015 ;
. et déterminer la période de latence de Xylella fastidiosa après infection du matériel végétal appartenant au genre Citrus par un insecte vecteur.
Le groupe d’expert a estimé que l’alternative proposée présente un risque inacceptable comparé aux schémas de production sous protection matérielle permanente.
Par ailleurs, Le groupe de travail recommande que les plants d’ornement, également destinés au marché d’exportation, intègrent la filière de certification des plants d’agrumes et soient produits sous protection « insectproof » permanente pour garantir leur traçabilité et leur état sanitaire.
Léna Hespel*Publication de l’Efsa, l’autorité européenne de sécurité des aliments.
Les rapports complets sont disponibles en PDF :
Période de latence de Xylella fastidiosa sur le genre Citrus
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